Anick Baud – Ces petites et moyennes sociétés suisses actives dans la lutte contre le covid

Schweiter, Sensirion, Dätwyler et bien d’autres sont moins connues que Lonza ou Roche, mais leur position internationale est sous-estimée, écrit Anick Baud, gérante de fonds, Bruellan, à Genève.

Durant ces derniers mois, le marché boursier a scruté avec fébrilité quelles entreprises avaient le plus de chance de gagner la course aux vaccins. Durant cette période, on a aussi largement commenté le rôle des entreprises suisses qui, bien que n’étant pas directement actives dans la recherche d’un traitement contre la maladie, étaient néanmoins impliquées d’une manière ou d’une autre dans cette lutte. Et puis il y a celles qui de manière plus inattendue ont su s’adapter et tirer leur épingle du jeu en proposant des solutions aux nouveaux problèmes qui ont surgi.

En Suisse, tout ou presque a été dit sur le partenariat entre Moderna et Lonza, qui permettra à cette dernière de produire dans ses usines américaines et suisses 400 millions de doses de vaccin par année. Idem pour Roche qui, au travers de sa division Diagnostique, a, dès le printemps, joué un rôle de premier plan grâce à ses différents tests (PCR, antigènes ou immunologiques). Plus récemment, on a aussi appris que le géant bâlois, grâce à un partenariat avec Regeneron, distribuera en-dehors des USA le traitement aux anticorps de synthèse (REGEN-COV2) dont Donald Trump avait bénéficié et qui vient d’être approuvé par l’autorité de surveillance américaine des médicaments.

On a également eu l’occasion de parler de ces sociétés helvétiques qui ont été les grandes bénéficiaires du confinement et des changements que cela a induit sur notre vie de tous les jours. Ainsi, le fabricant de périphériques informatiques, Logitech, a vu ses ventes globales bondir de 75%, avec notamment une vertigineuse hausse de la demande de caméras pour ordinateurs, ainsi que ses solutions vidéo pour salles de conférence. Ce qui a bien entendu fait grimper son cours de bourse, qui a plus que doublé depuis les plus bas du mois de mars.  Même constat pour la banque en ligne Swissquote qui, au cours du printemps, a connu un niveau record d’ouvertures de compte, face à un appétit démesuré de la part des investisseurs privés, avides de profiter des opportunités de trading offertes par le marché.

Il y en a de plus petites ou de moins connues du grand public qui, à leur échelle, participent aussi à la lutte contre l’épidémie ou dont les produits ont trouvé des débouchés inattendus au cours de cette crise.

Prenons par exemple le spécialiste de matériaux composites, Schweiter, qui par le biais de sa filiale 3A est un des leaders européens dans les panneaux d’affichage de haute qualité pour le secteur de la communication visuelle. Sans surprise, la demande pour ce type d’affichage a connu un effondrement dès ce printemps mais le groupe a su faire preuve de flexibilité, puisque partout où cela était possible, il a adapté ses lignes de production pour la fabrication de panneaux  plus simples, transparents, en acrylique, utilisés pour protéger les caissières et caissiers dans les supermarchés, pour séparer les clients dans les restaurants ou encore les employés dans les « open space » et qui ont connu une très forte demande dès la  fin du premier confinement. Cette production extraordinaire a été salvatrice et a non seulement permis à la société zougoise de compenser le manque à gagner, mais aussi d’augmenter de 10% son chiffre d’affaires.

Autre exemple intéressant, celui de la société industrielle Dätwyler, qui fabrique des systèmes d’étanchéité dans des domaines aussi variés que le café, il est le fournisseur exclusif des joints des capsules Nespresso, le marché automobile, pour lequel il fabrique entre autres des composants en élastomère pour le système de réduction catalytique et l’industrie pharmaceutique, où il est un des leaders dans les capsules en caoutchouc, plastique et aluminium pour les médicaments injectables. Dans cette dernière activité, Dätwyler a notamment un savoir-faire particulier et une forte présence dans le marché des seringues préremplies, qui pourrait s’avérer bien utile au moment où les premiers vaccins vont arriver sur le marché. Bien que le groupe ne souhaite pas encore communiquer sur le sujet, on sait néanmoins qu’il est en contact avec les principaux producteurs de vaccins et qu’il pourrait jouer un rôle dès l’an prochain dans cette chaîne de production.

Quant au géant du transport et de la logistique, Kühne + Nagel, qui a non seulement l’habitude de transporter des médicaments sensibles mais également le savoir-faire et les infrastructures pour les stocker et les acheminer dans les bonnes conditions, il devrait également participer dans les mois qui viennent à la distribution à travers le monde des précieux vaccins.

A ces exemples, on peut encore ajouter celui du fournisseur zurichois des solutions d’automatisation et de consommables pour les laboratoires, Tecan, du développeur de capteurs environnementaux et de flux, Sensirion, qui a équipé les respirateurs d’Hamilton Medical pour mesurer les flux de gaz ou encore du bâlois Bachem, spécialiste de la production des peptides, mais également fabricant du Propofol, un anesthésiant couramment administrés aux patients hospitalisés des suites du Covid.

Ces exemples illustrent une fois de plus, la richesse, la variété et la force d’innovation et d’adaptation du tissu économique suisse, ainsi que sa réactivité et sa flexibilité face aux différentes crises auxquelles il est confronté.

 

Cliquez ci-dessous et découvrez l’article du ” Temps ” écrit par notre gérante Senior, spécialiste en actions suisses, Anick Baud.

 

Source : Le Temps, Photo du département logistique de Kühne+Nagel, spécialisé dans le transport de médicaments, 17 novembre 2020. — © Reuters