L’exposition au secteur bancaire – Florian Marini

Chères clientes, chers clients,

À la lumière des récents développements, nous souhaitons vous rassurer dans ce moment difficile sur notre exposition au secteur bancaire. Nous avons en effet toujours adopté une approche prudente vis-à-vis de ce secteur et notre exposition est significativement sous-pondérée.

Nos mandats discrétionnaires n’ont aucune exposition aux banques régionales américaines (telles que Silicon Valley Bank), ni à Crédit Suisse, et notre exposition aux banques, en général, est très limitée. Notre fonds BAM European a par exemple une toute petite exposition à hauteur de 2,7% à Mediobanca, tandis que nos fonds BAM Swiss (toutes capitalisations) et Dynamic Swiss ont une exposition de 4% à UBS. Quant à notre fonds BAM Swiss Family, il a une exposition de 4.6% à Swissquote. Le BAM US, BAM Global Equity et Dynamic Tactical n’ont quant à eux aucune exposition aux banques.

En ce qui concerne les récents soubresauts dans ce secteur, nous pensons que bien qu’un cycle de resserrement des taux puisse continuer à exercer une pression sur les banques, la situation actuelle n’est en rien comparable à la crise financière de 2008. Tout d’abord, il est important de noter que le problème ne concerne pas l’effet de levier et les investissements risqués comme à l’époque. Dans le cas de la Silicon Valley Bank, les clients ont retiré leur argent, ce qui l’a obligée à vendre ses obligations de haute qualité avant leur échéance, ce qui a entraîné des pertes sur ces positions. Cette pénurie de liquidités a ensuite entraîné un problème de solvabilité pour la banque. Pour ce qui est de Credit Suisse, après la chute vertigineuse de son cours de bourse suite à une accumulation de mauvaises nouvelles, la Banque Nationale Suisse et l’autorité de régulation du pays ont publié un message rappelant que le groupe satisfaisait aux exigences de fonds propres et de liquidités, tel qu’imposé pour les institutions de type systémique. Dans la foulée, la BNS a fourni une facilité de de crédit de 50 milliards de francs suisses.

Deuxièmement, il convient de reconnaître que les régulateurs et la Réserve Fédérale ont pris des mesures rapides pour résoudre le problème de liquidité et restaurer la confiance dans le système financier. Au cours du weekend, des mesures ont été prises pour contenir le risque de propagation et garantir les dépôts des banques concernées. De plus, des facilités ont été ouvertes pour aider les banques à emprunter en mettant leur portefeuille obligataire comme collatéral.

Graphique 1: La solidité financière des banques s’est considérablement améliorée depuis la grande crise financière de 2008 (par exemple, le ratio Tier 1 des banques de l’UE).

                                                                                           

Troisièmement, l’environnement financier actuel est très différent de celui de 2008. Depuis la crise financière mondiale, les régulateurs ont imposé de nouvelles règles pour améliorer la capitalisation des banques, réduire l’effet de levier et accroître la transparence des transactions financières. Les banques sont désormais tenues de détenir des capitaux de haute qualité pour absorber les pertes en cas de tensions financières. En outre,
ces mêmes régulateurs effectuent désormais des tests de résistance pour évaluer la résilience du secteur. En conséquence, les banques sont aujourd’hui beaucoup moins endettées et disposent d’une meilleure position en termes de capital. Par exemple, le ratio Tier 1 des banques européennes est passé de 8 % en 2008 à 16,8 % aujourd’hui (le ratio Tier 1 est une mesure de la solidité financière d’une banque, qui compare les fonds propres de base de la banque, tels que les fonds propres ordinaires, au total de ses actifs pondérés en fonction des risques, graphique 1).

Graphique 2 : Les taux d’intérêt souverains ont chuté au cours de la semaine écoulée en raison de l’incertitude économique

Par exemple, la courbe des rendements des obligations de la Confédération suisse a chuté de plus de 50 points de base pour toutes les échéances. Plus précisément, sur l’échéance à 10 ans, le rendement est passé de 1,5 % à 1 %.

                                                                                     

À court terme, les banques européennes profitent de la hausse des taux en répercutant les hausses de taux d’intérêt sur les emprunteurs tout en n’augmentant pas les taux de dépôt, ce qui leur permet ainsi s’augmenter leurs revenus. Ainsi, leur rentabilité a continué de s’améliorer au cours de la dernière saison des résultats. Bien que le risque se soit propagé des banques régionales aux grandes banques, une partie importante de leurs actifs ne se détériore pas. Les rendements des obligations souveraines baissent (graphique 2), signe d’un environnement monétaire plus accommodant de la part des banques centrales, ce qui augmente la valeur des obligations souveraines dans leur bilan.

Graphique 3 : La propagation des risques entre les économies et les secteurs a été limitée.

Par exemple, le coût des swaps de défaut de crédit (CDS) dans le segment à haut rendement pour s’assurer contre le risque de défaut en Europe reste inférieur aux niveaux de 2020 et 2022.

                                                                                         

En conclusion, bien que les cycles de resserrement monétaire causent toujours un certain stress financier, nous ne croyons pas être au début d’une nouvelle crise financière. Les banques sont en bien meilleure santé financière, les consommateurs sont beaucoup moins endettés (la dette des ménages par rapport au PIB est passée de 98% en 2008 à 72% aujourd’hui), les économies connaissent un retour de la croissance et les banques centrales devraient, à terme, devenir moins restrictives (le “pivot” de la Fed?). Il est essentiel de rétablir la confiance dans le système financier, et les mesures prises par les gouvernements et les banques centrales jouent un rôle essentiel à cet égard. Cependant, si ces actions ne parvenaient pas à restaurer la confiance, le risque de débordement vers une crise globale augmenterait. Nous prenons au sérieux les conditions actuelles du marché et surveillons activement la situation afin de veiller à ce que les risques ne se propagent pas à d’autres classes d’actifs (graphique 3).

Bien à vous

                                                                                                    Florian Marini, CFA, CMT

                                                                                                    Chief Investment Officer